01.11.20 – « Jésus gravit la montagne »

La Parole méditée avec François de Sales
Année A 2020, Toussaint, Matthieu 5, 1-12
d’un sermon du 27 septembre 1619 (IX 222)

Lorsqu’ils furent arrivés au sommet de la montagne, il commença à les instruire, nous faisant comprendre que ceux qui veulent enseigner les autres doivent d’abord monter à la mon­tagne de la perfection afin que leurs enseignements aient plus de valeur. Il leur parle donc ainsi : Bienheureux sont les pauvres d’esprit, car le Royau­me des cieux est à eux ; bienheureux les doux, car ils possèderont la terre ; bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés  

Notre Seigneur dit tout le contraire du monde ; car les mondains ne tiennent pour bienheureux que les riches, parce qu’avec les richesses on fait tout ce qu’on veut. Dès qu’on voit un homme riche on dit aussitôt : Il faut lui faire place, car c’est un Monsieur ; et Notre Seigneur dit : Bienheureux sont les pauvres d’esprit.

Le monde estime bienheureux ceux qui rient, qui font des festins et qui prennent leurs plaisirs ; et le Sauveur s’écrie : Bienheureux ceux qui pleurent. Le monde fait grand cas de ceux qui sont vaillants, qui tiennent tête avec courage contre leurs ennemis ; et Notre Seigneur appelle bienheureux les doux et bienveillants. Les mondains se font une gloire de ne point pardonner ; et Jésus Christ nous enseigne : Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde, nous montrant par là que si nous ne faisons pas miséricorde, elle ne nous sera pas faite.

Le monde ne veut point rendre justice qu’à contre-cœur. Une pauvre veuve à laquelle on la doit la demandera cent fois avec tant d’insistance sans pouvoir l’obtenir ; et Notre Seigneur ajoute : Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, parce qu’ils seront rassasiés.

Allez tant que vous voulez par le monde prêcher la pauvreté ; qui vous entendra ? Exaltez tant qu’il vous plaira la sainte humilité ; qui, je vous prie, per­suaderez-vous ?

Criez tant que vous pourrez que bienheureux sont les pauvres ; personne ne veut l’être, sinon ceux à qui le Saint Esprit a donné le don de sagesse, par lequel il fait goûter à leurs âmes la douceur qu’il y a à servir Dieu et à la pratique des vertus.

 Monastère de la Visitation Fribourg