10.09.23 « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul ! »    


Avec François de Sales, laissons la Parole s’épanouir en nous.
Année A 23ème Dimanche ordinaire Matthieu 18, 15-20
Notes d’un sermon du 28 février 1617 (VIII 315)


Le principe de toute correction fraternelle est résumé dans les mots suivants : S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. C’est le rouage principal de cette horloge, le gouvernail de ce vaisseau, car la cause finale de la correction est de gagner son frère.

Tout homme sans exception est tenu de corriger son frère, même l’inférieur à l’égard de son supérieur. C’est ainsi que saint Paul a repris saint Pierre : Céphas étant venu à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était répréhensible[1] ; car bien que saint Pierre eût à peine commis un péché véniel en cette occasion, néanmoins saint Paul le reprit à cause des conséquences que pouvait avoir sa faute,  » et pour que le premier en dignité fût aussi le premier en humilité ».

 Mais celui qui corrige doit être juste, c’est-à-dire irréprochable, sinon on pourrait lui répondre « Médecin, guéris-toi toi-même ».

La matière de la correction fraternelle, c’est le péché mortel, car c’est par ce péché seulement que notre frère se perd : le médecin ne donne pas de remède pour le moindre malaise, pour la piqûre d’un moucheron. Et il ne suffit pas que le péché soit mortel, il faut qu’il soit possible de le corriger, c’est-à-dire que nous puissions espérer que notre correction produira l’amendement de celui que nous reprenons.

Quant à la correction en elle-même :

1. Il faut procéder graduellement, et si les remèdes doux et légers suffisent, ne pas en employer de violents.

2. Faire la réprimande avec compassion, avec une affection maternelle. Dans l’Arche se trouvaient les tables de la Loi, la verge, la manne ; en reprenant le prochain on doit avoir la Loi, c’est-à-dire être juste, la manne, douce comme le miel, et la verge de la correction. Celle-ci doit être douce, fructueuse, utile.

3. Avec prudence, discrétion. Corriger un homme en colère, c’est vouloir mettre une écluse à un torrent qui déborde ; il faut attendre que les eaux soient basses.

Il faut corriger les arrogants avec force et les timides avec le plus de bonté possible.      

Monastère de la Visitation Fribourg        


[1] Galates 2,11