22.11.20 – « Recevez en héritage le Royaume préparé pour vous… »


La Parole méditée avec François de Sales
Année A 2020 Fête du Christ Roi Mt 25, 31-46
D’un sermon du 1 février1621 (X 19)


« 0 Dieu, mon cœur est créé pour vous, il n’aura jamais de repos ni de tranquillité sans jouir de vous. » Nous voyons par ces paroles comment le cœur humain tend naturellement à Dieu qui est sa béatitude.

Il est vrai que l’homme est créé pour le bonheur et le bonheur pour l’homme ; car l’homme ne peut être content que s’il jouit du bonheur, et le bonheur, semble-t-il, ne peut être bonheur que si l’homme le possède. Il a une telle convenance avec le cœur de l’homme qu’il ne saurait trouver de repos qu’en le possédant ; de même, si j’ose dire, par un amour réciproque, il ne semble pas y avoir de vrai bonheur si l’homme ne le possède, car Dieu l’a fait pour la jouissance de l’homme. Il le lui a tellement promis qu’il s’est obligé à lui donner.

Mais il ne lui a pas fait cette promesse pour quelque mérite personnel, mais par sa seule bonté et miséricorde. À cause du rapport et de la convenance qu’il a avec l’homme, il était en quelque sorte raisonnable que Dieu lui donnât ce bonheur ; de plus il convenait que l’homme le possédât, voilà pourquoi il s’obligea à le lui donner. Or, bien que cette promesse n’ait pour fondement que sa bonté, il s’ensuit néanmoins que cette obligation est juste, mais d’une justice toute miséricordieuse, car c’est par pure miséricorde que Dieu s’est engagé à donner sa gloire à sa créature, gloire qui n’est autre que l’union de nos âmes avec lui.

Cette union à laquelle nous tendons tous naturellement, comme je l’ai déjà dit, est et sera éternelle et inséparable. Mais pour y parvenir, il faut, pendant que nous sommes en cette vie, prendre, embrasser et rechercher les moyens qui peuvent nous y conduire. La grâce nous y dispose, et la charité est comme la racine qui engendre et cause l’union ; à mesure que nous aurons plus de grâce en cette vie, nous aurons aussi plus de gloire au Ciel.

La charité produit donc l’union ici-bas ; c’est elle qui resserre les affections, qui relie et réunit tout ce qui est désuni ; en somme, c’est par cette union temporelle, ici-bas, que l’on arrive à l’éternelle.

 Monastère de la Visitation Fribourg