25.06.23 – « Quand à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. »        


Avec François de Sales, laissons la Parole s’épanouir en nous.
12ème  Dimanche ordinaire  Année A Mt 10, 26-33
D’un sermon du 10 mars 1622 (X 317, 318, 320, 323


Faut-il craindre la mort ou non ? Les Pères de l’Eglise nous disent : qui n’en aurait pas peur ? Puisque tous les Saints l’ont redoutée, et même le Saint des Saints, notre Sauveur…

Quel est le malade qui ne craint pas le rasoir quand il faut que le chirurgien s’en serve pour lui couper un membre pourri afin qu’il n’infecte pas les autres ? Mais malgré sa crainte, il le souhaite et même le demande, de peur que la gangrène ne s’y mette…

Des personnes demandent la mort à notre Seigneur, et quand on leur demande pourquoi, elles disent vouloir être délivrées des misères de cette vie. Oui, et savez-vous si étant délivrés de cette vie vous arriverez au repos dans l’autre ? Certes non. C’est pourquoi d’autres disent que la mort ne les soucie pas pourvu qu’ils soient assurés d’aller au Paradis ; et ils ont bien raison, car avec une telle assurance la mort ne serait pas à craindre. Mais même en étant assurés d’aller au Paradis, il ne faudrait pas désirer ni demander à être délivrés des misères de ce monde. Il ne faut pas non plus la refuser quand elle vient ; en ceci consiste l’abrégé de la perfection chrétienne : ne demandez rien, ne refusez rien…

 Les Chrétiens doivent marcher avec la providence de Dieu et être prêts à embrasser tous les effets et évènements de cette douce providence qui saura bien prendre soin de nous. Ne nous laissons donc pas aller à des frayeurs inquiètes et chagrines, comme il arrive à quelque bonne femme qui, pour avoir pensé une matinée à la mort, brouillera son ménage tout le jour, si bien que personne ne pourra avoir la paix avec elle.

Inutile de se faire tant de souci pour savoir quand nous mourrons et en quel lieu. De tout cela que nous importe ? Laissons ce soin à la divine providence qui s’occupe bien des oiseaux du ciel, à qui pas une seule plume ne tombe sans sa permission. Dieu a compté tous les cheveux de notre tête, il prendra donc soin de nous. Il me suffit que je sois tout à lui, non seulement par devoir mais encore par affection. Pourquoi me soucier du reste ? il suffit de m’abandonner à cette douce providence, elle ne me manquera pas, ni en la vie, ni en la mort !

                                                                       Monastère de la Visitation Fribourg