3.09.23 –   « Qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne  sa croix et qu’il me suive ! » 


Avec François de Sales, laissons la Parole s’épanouir en nous.
22ème Dimanche ordinaire    Année A Matthieu 16, 21-27
D’un sermon du 8 février 1614 (IX  17)


Jésus dit qu’il faut prendre sa croix après avoir renoncé à soi-même. Voulez-vous savoir en un mot ce que cela signifie ? C’est comme dire : Prenez et recevez de bon cœur toutes les peines, contradictions, afflictions et mortifications qui vous arri­veront en cette vie. En renonçant à nous-mêmes, nous faisons encore quelque chose qui nous contente, parce que c’est nous-mêmes qui agissons, mais ici il faut prendre la croix telle qu’on nous l’impose ; et en ceci il s’agit moins de notre choix ; c’est pourquoi, c’est un point de perfection beaucoup plus grand que le précédent.

 Notre Seigneur nous a très bien montré qu’il ne faut pas que nous choisissions la croix, mais qu’il faut que nous la prenions et la portions telle qu’elle nous est présentée.

Lorsqu’il voulut mourir pour nous racheter, il ne choisit point sa croix, mais reçut humblement celle que les Juifs lui avaient préparée.

Mais parlons un peu d’un abus qui est dans l’esprit de certains, à savoir qu’ils ne veulent porter les croix qu’on leur présente que si elles sont grosses et pesantes. Par exemple, un Religieux se soumettrait volontiers à de grandes austérités, comme de jeûner, et faire de rudes disci­plines, mais témoignerait de la répugnance à obéir lorsqu’on lui commande de ne pas jeûner, ou bien de prendre du repos…

Vous vous trompez si vous croyez qu’il y a moins de vertu à vous soumettre en cela, car le mérite de la croix n’est pas dans sa pesanteur, mais dans la façon avec laquelle on la porte. Je dirais même : il y a quelquefois plus de vertu à porter une croix de paille qu’une croix bien pesante, parce qu’il faut y appliquer davantage son attention, de crainte de la perdre.

Nous voyons que cette parole de Notre Seigneur, qui ordonne qu’on prenne sa croix, nous invite à recevoir de bon cœur les contradictions et mortifications qui nous sont faites à tout moment, bien qu’elles soient légères et de peu d’importance.

                                      Monastère de la Visitation Fribourg